La démocratie suisse a une relation tourmentée avec l’achat d’avions de combat. Claude Nicollier l’a rappelé dans son rapport : entre l’affaire des mirages dans les années 60 et le refus du Gripen en 2014, l’histoire se répète à intervalle régulier. Nous y sommes de nouveau. Les Verts ont toujours combattu l’achat d’avions de combat.

Lors de la session de décembre, le Parlement a voté un chèque en blanc de 6 milliards pour se doter de nouveaux avions. Un chèque en blanc parce que le peuple suisse n’est pas appelé à se prononcer sur le modèle ou sur le nombre d’avions, mais juste sur une enveloppe. Et cela juste six ans après avoir refusé une dépense de 3,1 milliards pour l’achat des Gripen.

Après cet échec en 2014, l’armée n’a pas voulu faire son autocritique. Elle n’a pas voulu voir les analyses VOX qui montraient que les suisses/sses n’estimaient pas l’achat d’un nouvel avion comme une nécessité, y compris celles et ceux qui sont pour une armée forte. A l’époque aussi, 3 milliards étaient une somme trop importante pour l’enjeux.

Avec ces 6 milliards, la Suisse ne se dote pas d’une police du ciel mais d’une armée de l’air. Dans le contexte des menaces actuelles, cet achat est inutile. Une invasion de la Suisse est hautement improbable : pour cela, il faudrait qu’une armée étrangère traverse les défenses de l’OTAN. Et dans ce cas-là, le dispositif suisse ne tiendrait pas longtemps. Les menaces actuelles sont autres : la cyberguerre, le terrorisme, la désinformation, etc. Quant aux menaces aériennes, elles ont également évolué. La Russie, par exemple, a récemment vanté la réussite de son projet de missile hypersonique Avangard, une arme capable de frapper n’importe où dans le monde en quelques minutes. Une arme contre laquelle nos avions ne servent à rien.

Pour une police du ciel crédible, le prolongement de la durée de vie des F/A-18 Hornet est une solution. Nos collaborations avec l’étranger doivent également être poursuivies.

La facture finale, qui tient compte du coût pendant la durée de vie des avions, laisse pantois : 24 milliards de francs. Le tout avec une entourloupe : dès 2032 et la fin de l’achat, le budget de l’armée sera augmenté de 900 millions de francs. Dans le contexte des besoins urgents dans la protection sociale et climatique, cette augmentation est inadmissible. Les priorités doivent aujourd’hui être placées en fonction des véritables enjeux !

Les discussions aux conseils l’ont montré : au-delà de l’achat des avions, ce sont les affaires compensatoires qui ont été majoritairement débattues. Elles servent à acheter les votes de la population. Les chiffres des répartitions régionales sont par exemple inscrits dans la politique d’achat de l’armée depuis 2016. L’ajout de la liste des domaines industriels pouvant espérer obtenir des affaires compensatoires est également mensongères : toutes les entreprises inscrites dans la Base technologique et industrielle pour la sécurité (BTIS) peuvent en profiter, les autres pas. C’est la décision de la conférence de conciliation. Les Verts se sont opposés au principe des affaires compensatoires car elles s’apparentent à des subventions sans transparence et comportent des risques de corruption.

Pour toutes ces raisons, les Verts soutiennent le référendum contre l’achat des avions.