L’initiative pour des prix équitables poursuit un but louable : beaucoup de produits sont trop chers en Suisse, pas parce que la main d’œuvre, les loyers, etc. y sont plus chères, mais simplement parce que les importateurs se font des marges phénoménales à l’importation en profitant du pouvoir d’achat élevé des suissesses et des suisses, et des entreprises.

C’est un problème lorsque cela ne profite qu’à une minorité au détriment de la majorité. C’est un problème lorsque cela touche des produits de première nécessité, par exemple dans le médical, et que cela contribue à renchérir les coûts de la santé. Certaines entreprises abusent ainsi de leur domination, même relative, sur le marché pour imposer des prix parfois quatre fois plus élevés en Suisse qu’en Allemagne.

Les chiffres donnés par la conseillère national Michaud Gigon lors du débat d’entrée en matière sont éloquents : plus de 600 millions de francs sont facturés chaque année en trop à charge de l’assurance-maladie, pour les surcoûts dans le domaine de la santé. Dans le domaine de la restauration, ce sont presque 300 millions de coûts supplémentaires qui ont été chiffrés.

Les cartels sont un immense problème. Les contrôles doivent pouvoir être renforcé, les abus doivent pouvoir être dénoncés.

Il faut toutefois rappeler que malgré ces prix élevés, le pouvoir d’achat des suissesses et des suisses est un des plus élevé au monde. L’exemple du Big mac donné par le Conseil fédéral dans son rapport le montre bien : alors qu’il faut travailler en moyenne 13 minutes en Suisse pour s’offrir ce sandwich, il en faut 23 en France.

Mais comme Verts, l’initiative me met aussi mal à l’aise. Aujourd’hui, un des premiers problèmes de la lutte contre le réchauffement climatique, c’est la consommation excessive de produits manufacturés, pour la plupart transportés sur des milliers de kilomètres. Des produits dont le bilan écologique est souvent peu reluisant, des produits dont le bilan social est souvent peu reluisant. Si nous voulons réussir à limiter notre empreinte climatique, nous devons avant tout consommer moins, réutiliser, réparer.

Parce que l’énergie n’est pas assez chère, les prix des produits ne reflètent aujourd’hui pas leur impact climatique. Baisser leur prix revient à masquer encore plus le problème aigu que cela représente.

Ainsi donc, si l’objectif est de baisser le prix de produits essentiels, par exemple dans le médical, il y a clairement une nécessité de prendre des mesures. Par contre, si l’objectif est d’acheter plus de téléphones portables, plus de voitures, plus de jouets jetables ou de manger plus de Big mac, alors l’initiative crée plus de problèmes qu’elle n’offre de solutions.