Le Fonds national suisse (FNS) a fait part de ses priorités pour la période 2025-28 : il se concentrera davantage sur l’encouragement par projets et les carrières postdoctorales. Cette orientation entraînera la suppression de plusieurs programmes de soutien, notamment Doc.CH, R’Equip et MD-PhD. Il renoncera également à introduire un instrument de carrière pour les femmes dans les disciplines MINT. De plus, le FNS ne prévoit plus de mise au concours de son instrument pilote Practice-to-Science à partir de 2024.

Cette décision est regrettable pour plusieurs raisons :

– Le programme Doc.CH soutient les jeunes diplômé-e-s du domaine des sciences humaines et sociales les plus brillant-e-s en leur permettant de conduire un projet individuel dans le cadre d’un doctorat, indépendamment des structures hiérarchiques, des postes vacants et des projets de recherche en cours. Ce programme a fait ses preuves avec un très bon taux de réussite et un important effet de levier – le FNS souhaitait d’ailleurs l’étendre aux autres disciplines dans le cadre de sa planification 21-24. Or, malgré la publication de rapports très favorables à son maintien, la Direction du FNS souhaite maintenant le supprimer, quitte à entrer en contradiction avec sa propre politique d’égalité et d’excellence.

– L’importance du soutien des femmes dans le domaine des MINT n’est plus à démontrer, ceci dès le doctorat. Sans doctorantes, il n’y aura pas de post-doctorantes !

– L’intention de mettre l’accent sur l’encouragement des postdoctorant-e-s occulte l’importance du doctorat dans la carrière académique.

– La suppression de ces programmes péjore les conditions de travail de la relève académique.

– En outre, il est illusoire de déléguer ces tâches aux seuls cantons, universités et HES. Sans ressources supplémentaires, qu’il sera difficile d’obtenir des cantons, les établissements ne seront pas en mesure de pallier cette suppression. Ce point est particulièrement pertinent dans le contexte où certaines facultés des sciences humaines et sociales ont prioritairement axé leur stratégie d’encouragement de la relève sur le programme Doc.CH.

– Rappelons encore que les postes d’assistanat sont de plus en plus souvent pourvus par des chercheurs au bénéfice d’un doctorat, afin de pouvoir également les engager dans l’enseignement. Les sources de financement pour les doctorant.e.s sont donc encore diminuées.

Nous posons les questions suivantes au Conseil fédéral :

– Pourquoi le FNS a-t-il décidé de supprimer ces instruments de financement, et en particulier Doc.CH, alors qu’un rapport interne du FNS relève justement l’indéniable utilité de cet instrument et les réels besoins en termes de financement qu’il couvre ?

– Le programme Doc.CH constitue de fait un véritable soutien pour les jeunes chercheurs et chercheuses suisses en leur permettant d’effectuer leur recherches de manière indépendante, de susciter des questionnements innovants et d’acquérir tôt l’autonomie scientifique indispensable pour une future carrière. Comment le FNS justifie-t-il dès lors cette suppression ?

– Doc.CH étant un instrument très majoritairement utilisé par des femmes, comment le FNS compte-t-il soutenir spécifiquement la relève féminine au niveau doctoral ?

– Quels soutiens aux cantons et aux hautes écoles sont-ils prévus pour compenser ces suppressions et continuer à assurer les conditions de travail et l’attractivité pour la relève ?

– La précarité de la relève académique a été dénoncée à de nombreuses reprises ces dernières années, comment le Conseil fédéral entend-il y mettre fin ? Le FNS a annoncé au cours des derniers mois vouloir agir dans ce dossier : qu’en est-il ?

La réponse du Conseil fédéral est disponible sur le site du parlement.